Mercredi 12 mars 3 12 /03 /Mars 00:00
Découverte ; deuxième

Nous nous sommes retrouvés à la sortie du métro. C’est un automne doux et pluvieux. De lourds nuages gris se bousculent dans un ciel bleu pâle. À travers les ruelles nous rejoignons rapidement le jardin du Luxembourg, but de notre promenade. Nous parlons de choses et d’autres.

Dès l’entrée du jardin, nous essayons de trouver un banc libre. Il y a peu de monde en cette fin d’après-midi et notre choix est vite fait. Nous délaissons bien sûr ces multiples chaises. Elles semblent abandonnées le long des allées et autour du grand bassin. Nous préférons un banc un peu à l’écart, seul complice de nos propos. Nous nous asseyons un peu de biais l’un vers l’autre. Et nous continuons nos propos anodins.

Tu me racontes tes années de formation à la Salpêtrière. Nos genoux sont très proches l’un de l’autre et finissent par se toucher. Loin de fuir ce contact nous nous rapprochons un peu plus. J’ai un bras sur le dossier du banc. Et ma main est très proche de ton épaule, de ta nuque. Un moment je me surprends à jouer avec tes cheveux. Tu me laisses faire. Tu me souris.

Tu es en jean, pull de coton grenat, chaussure plate noire et un blouson bleu ciel avec capuche de circonstance. Tu as les mains croisées sur tes cuisses. Tes doigts s’agitent au fil de ton récit. Mes doigts veulent jouer aussi et viennent à la rencontre des tiens. Et pendant que nous parlons nos doigts se joignent et s’entremêlent posés sur ton pantalon.

Absorbé par ton récit, j’observe tes lèvres. Et puis je m’approche. Nos visages sont près l’un de l’autre. Je saisis ton regard. Et soudainement je pose mes lèvres sur tes lèvres et me recule. Tes yeux brillent. Ta main a serré la mienne. Alors je m’enhardis. Et mes lèvres sont sur les tiennes plus longuement, têtes penchées.

Nous devons vite reprendre notre souffle car nos cœurs battent trop vite. Nos mains se serrent fort l’une l’autre sur ta cuisse. Je te caresse la nuque. Tu frisonnes un peu. Nous ne pouvons rester assis. Nous nous levons et marchons dans cette allée de charmes qui commencent à perdre leurs feuilles.

Je n’ai pas envie de perdre ton contact mais je ne sais comment me lier à toi. Te prendre par l’épaule, trop paternaliste, par le bras trop cérémonieux. Te prendre par la main, un peu enfantin. Alors je te prends par la hanche tout naturellement. Tu en fais autant. Nous marchons ainsi tranquillement flan contre flan échangeant de rares mots.

C’est à cet instant qu’un nuage en profite pour se déverser à seau. Nous courons nous réfugier sous un frêle abri vers lequel bon nombre de promeneurs converge. Nous sommes assez nombreux dans peu d’espace. Alors chacun essaie de prendre le moins de place possible. Les gens chuchotent. Il y a quelques rires étouffés. Personne ne semble regretter cette aventure. Là encore, nous nous tenons étroitement hanche contre hanche. Un de tes seins s’écrase sur ma poitrine. Ta tête est sur mon épaule. Nous attendons la fin de l’averse. Tu m’as donné quelques baisers dans le cou et mordillé l’oreille. Et puis nous échangeons un long baiser, comme deux vieux amants sans se soucier de nos voisins. "Un petit coin de parapluie contre un petit coin de paradis je ne perdais pas au change pardi".

Il a bien fallu que la pluie cesse. Tu me dis alors qu’il est temps que tu rentres. Nous repartons vers la sortie du jardin, main dans la main comme deux collégiens. Nous avons rejoins la bouche de métro. Alors je te plaque contre moi. Je t’enserre dans mes bras à te faire mal. Mais tu ne protestes pas. Tu me dévores des yeux. Et nos lèvres s’unissent. Nos langues se cherchent. Elles veulent tout apprendre l’une de l’autre. Et nos cœurs battent fort en nos poitrines. Tu ne peux pas ne pas sentir combien je te désire.

Et puis tu me repousses et te précipites dans la gueule du métro. Au bas des marches tu te retournes soudainement et me lance un baiser de la main. Je n’ai pas le temps de te répondre que tu as disparu.

Tu es partie. Tu as disparu.

Je reste là hébété avec sur mes lèvres le goût de tes lèvres, avec ton parfum, avec sur mon ventre la pression de ton ventre. Je fais demi-tour. Il me faut du temps pour retrouver mon calme. Alors je traverse le jardin de nouveau. Je jette un coup d’œil sur notre banc. Je souris à la vue de notre abri précaire. Quand te reverrais-je ?

À J. mai 2006

Par erog1 - Publié dans : erog1 - Communauté : Ecritures Sensuelles
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Retour à l'accueil

Créer un Blog

Recherche

Calendrier

Avril 2024
L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
<< < > >>
 
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus